Poésie

Les Matins qui fument 07.04.13

Madrid, Dimanche 7 avril 2013, 15 :33

Un matin les yeux grand ouverts
Et le ventre qui galope.
La tête demande qu’on s’arrête,
Qu’on prenne une pause,
Mais les artères tambourinent
Sur mon cœur qui ne dort jamais.

Car le cœur ne dort jamais, lui.
Il ne s’arrête pas,
Il ne prend pas de pause.

Et parfois, juste comme ça,
Juste pour rire,
Juste pour que tu voies ce que cela fait,
Il t’emmène au turbin.
Tu passes la nuit à ses côtés,
Tu pétris la vie pendant que les autres dorment,
Tu prépares les lendemains en maintenant les battements,
Sans relâche,
Sans un merci,
Juste peut-être un sourire que l’on fait au boulanger,
Et encore quand on n’est pas trop fatigués.

Alors, merci corazon,
Merci pour le travail éreintant,
Merci pour le sacrifice de ton temps
Qui rachète le mien, chaque matin.

Jamais je ne pourrais faire ce que tu fais,
Ta danse est immortelle.
Avant moi et après moi,
Tu étais là et tu continueras.

Je le sens,
Je l’entends,
Ton battement,
Contre mes tempes,
Dans le creux de mes oreilles,
Dans l’air qui frémit de chaleur,
Dans le bleu du ciel.


Tu étais là et tu seras là,
Mon frère immuable,
Mon ouvrier de l’ombre,
Mon artisan de lumière.

Et moi, je flotterai comme je flotte aujourd’hui,
A m’être brûlée les ailes à ta nuit de forgeron
Qui souffle depuis toujours l’air dans mes poumons,
Pour que ce matin je puisse crier que j’en veux encore.